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Le vaccin turc du Covid-19 : “innovant et unique au monde”

Le président Erdogan veut accélérer la vaccination dans son pays mais également fournir des doses à “l’ensemble de l’humanité”. La Turquie présente donc ses projets de vaccins.

Ces derniers jours, à Ankara, la ministre de la Santé, Fahrettin Koca, est sur tous les fronts. Le nombre d’infections dues au virus Covid-19 est en augmentation. Le gouvernement turc a annoncé un verrouillage du week-end et le maintien du couvre-feu. Pour contrebalancer, il tente de donner un peu d’espoir. Cette semaine, il a largement fait part des avancées scientifiques nationales en matière de vaccins.

Si la Turquie utilise désormais les vaccins américains Pfizer et chinois Sinovac, l’Etat soutient fortement les chercheurs “locaux”. Le Tübitak (le conseil de la recherche scientifique et technologique de Turquie) supervise plusieurs projets. Deux d’entre eux semblent prometteurs et font l’objet d’un battage médiatique orchestré par le gouvernement.

Le vaccin “particules pseudo-virales”

Un couple de scientifiques, Mayda et Ihsan Gürsel, développe à Ankara un vaccin turc du Covid-19 basé sur la technologie des “particules pseudo-virales”. Le ministre turc de l’Industrie, Mustafa Varank, a salué mercredi “une méthode très innovante”. Le sérum vient de rejoindre la liste de l’OMS. Parmi les 84 candidats vaccins pour essais cliniques recensés par l’organisation mondiale, seuls trois autres laboratoires explorent cette technologie : une entreprise canadienne (Medicago), une américaine (vaccin VBI) et un institut indien. “Nous utilisons un fantôme de particule virale. Sans rien dedans, on la vide totalement de son ARN ” Décrypte Stéphane Paul, immunologiste au CHU de Saint-Etienne.

Ces derniers, par assemblage, forment une micro-bulle. Injectée dans l’organisme, elle mime véritablement l’infection par le virus. Ce membre du Conseil scientifique des vaccins explique que la structure de la protéine Spike est très similaire”. La formule présente de nombreux avantages contre le CVIV-19. Tout d’abord, “elle est très immunogène, de sorte que vous ne nécessitez pas nécessairement un adjuvant”, explique le médecin. Ensuite, elle peut être multivalente, c’est-à-dire qu’une même injection fonctionne contre plusieurs variantes. Enfin, il est moins sujet à des effets secondaires que les vaccins à Adénovirus. La Turquie indique qu’elle va concevoir avec un partenaire industriel non dévoilé, qui pourrait “fournir jusqu’à 50 millions de doses “.

Le vaccin turc “intranasal” du Covid-19

Le ministre turc de la Santé a dévoilé mercredi les grandes lignes d’un autre vaccin contre le Covid-19, qu’il qualifie d’unique au monde”. On injecte la dose comme un spray nasal contre le rhume. “C’est une approche passionnante”, admet Stéphane Paul. Il précise que “tous les pays ne l’ont pas encore maîtrisée”. Vacciner dans le nez offre l’avantage de fournir une immunité rapide et locale pour éviter la transmission nasopharyngée. “Elle nécessite également une plus petite quantité de vaccin, environ 1/10e de la dose nécessaire par voie intramusculaire”, ajoute le spécialiste.

Lorsqu’il faut vacciner des enfants, elle peut aussi permettre une meilleure adoption, en évitant la peur de l’aiguille. Actuellement, dans le monde, cette technologie comporte une part de risque si on la maîtrise mal. “Elle a toujours été freinée dans le développement clinique car il y a eu des cas de paralysie faciale de Bell…. La frontière avec le cerveau est très proche : il peut y avoir un passage du vaccin au niveau encéphalique”, explique l’immunologiste. Deux cent cinquante millions de doses pourraient être produites, selon l’agence gouvernementale Anadolu.

Le vaccin turc du Covid-19 : “Un cadeau pour l’humanité ?”

Ces projets pourraient permettre d’accélérer la vaccination en Turquie, qui est quelque peu en perte de vitesse. Au 1er avril, 10,92% de la population avait reçu au moins une dose. C’est moins que certains pays européens, par exemple… Lors d’une réunion par vidéoconférence à l’ONU, le président turc a souligné qu’il mettrait les doses “à la disposition de l’humanité entière, une fois le projet achevé”.

Cela confirme sa stratégie qui consistait jusqu’à présent à “construire des ponts diplomatiques entre les pays qui produisent des vaccins et les pays qui ont des problèmes d’accès au vaccin”, comme l’a rappelé le ministre de la Santé lors d’une conférence de presse. Erdogan critique régulièrement les différences d’accès aux doses pour les pays en développement. “Il veut s’inscrire comme un leader des pays non-alignés, contre les grandes puissances”, explique Jean-François Perouse, chercheur et co-auteur du livre Erdogan : nouveau père de la Turquie ?. Cette affaire de vaccins est une nouvelle occasion pour lui d’utiliser cette rhétorique anti-monopole.

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